Je travaille sur l’image fixe, mais je suis aussi le spectateur de séquences qui contiennent 24 ou 25 images/seconde que l’on ne perçoit pas en tant que telles. Il me fallait créer un environnement où la profusion d’images, qui le plus souvent amène non pas à un langage universel mais a une uniformisation, soit un espace clos dans lequel la cité est progressivement envahie, phagocytée par des images, nouvelles icônes des temps modernes, provenant de ce temple du syncrétisme qu’est devenue la Télévision. Ces images sont comme des métastases qui bouleversent le fonctionnement du tissu social, et ce mécanisme nous pousse à regarder ce pourquoi nous n’avons aucun désir mais nous dispense d’une velléité de vie intérieure. Le consommateur d’images télévisuelles « zappe » comme si les images créaient chez lui un état d’anorexie mentale sur lequel se greffe un comportement boulimique. Ce phénomène ne provient-il pas du fait que toute pensée est virtuelle et qu’elle ne peut supporter cette relation constante avec une image médiocre qui nous fait douter de nos propres pensées car nous « pensons comme on voit » ?