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La
première ville par laquelle j'ai commençé ce travail fut Lille, ensuite
Rouen, Amiens, Bordeaux et enfin Nantes. Le travail dans Paris fut un peu à part,
car c'est une ville que je connais très bien, et j'y ai vécu longtemps. Je
ne voulais pas travailler sur "la ville", mais rencontrer ceux et celles
qui y vivent. Mon intention était de me cantonner au centre-ville des cités.
Chaque
individu se crée, au fil du temps, un tissu social différent de l'autre
citoyen, mais cela ne contredit pas la nécessité de se construire dans l'apport
des uns et des autres. C'est cela normalement une société, et non le résultat
d'un rapport de forces inéquitables. En travaillant sur les grandes villes en
France j’ai eu la confirmation de ce que j’avais constaté dans les années
60 : après la guerre de 1939-45, le cœur des villes en France était en
mauvais état et de ce fait déserté par les classes aisées pour laisser la place
aux classes populaires. Puis progressivement les centres-villes ont été
restaurés et les classes populaires poussées vers les périphéries. On les a
même encouragées à quitter la ville en leur faisant miroiter de plus grands
espaces moins chers, en se gardant bien de parler de l'autre côté de la
médaille, les transports. Il y a encore « quelques vestiges » de ceux
qui ne devraient plus être là. Les autres y viennent, la plupart du temps, pour
travailler ou encore pour leurs loisirs mais ils ne sont plus chez eux. La seule
ville en France qui échappe, pour l'instant, à cette évolution, c'est
Marseille. Le centre-ville, autour du Vieux Port est encore populaire mais très
délaissé.
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